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Comment évaluer un article scientifique : les conseils du journaliste Yves Sciama

Du 9 au 14 juin 2025, la Conférence mondiale des journalistes scientifiques francophones (CMJSF) s’est tenue à Abidjan. À cette occasion, Yves Sciama, ancien président de l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI), a animé un atelier sur comment évaluer un article scientifique quand on est journaliste. Au cours de son exposé, il a partagé des outils et des méthodes pour aider les journalistes à mieux décrypter la littérature scientifique. Voici les principaux enseignements à retenir. 1. Se rappeler que « un journaliste scientifique » reste avant tout… journaliste Avant d’entrer dans le vif du sujet, Yves Sciama a rappelé à ses confrères cette évidence trop souvent oubliée : « Un bon journaliste scientifique est d’abord un bon journaliste ». En réalité, la science, comme tout autre sujet de société, se couvre avec rigueur, curiosité et méthode. « Il ne faut pas vous laisser impressionner par la science. Couvrir la science, c’est couvrir n’importe quel aspect de la société », a-t-il souligné. 2. Savoir où chercher : publications, chercheurs, institutions Comment accéder à des articles scientifiques de qualité ? Voici quelques pistes recommandées : « Vous écrivez à l’auteur et vous lui dites : “Je suis journaliste au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en RDC… est-ce que vous pouvez m’envoyer une copie de votre article ?” Je ne connais aucun chercheur qui refuse. » 3. Comprendre comment fonctionne le peer-review L’une des premières choses à vérifier pour juger de la valeur d’un article est son passage par l’évaluation par les pairs (peer-review). Ce processus garantit que l’étude a été relue, critiquée et validée par des experts du domaine. « Le peer-review, c’est ce qui fait la différence entre une publication que vous pouvez utiliser pour vos articles et une publication qui doit vous paraître suspecte. » Attention aux prépublications (preprints), qui n’ont pas encore été évaluées : « Vous pouvez la regarder, elle peut être intéressante, mais attention : elle n’a pas été contrôlée par les pairs. » 4. Ne pas confondre article scientifique et communiqué de presse Une erreur fréquente consiste à prendre un communiqué de presse pour une source scientifique. Qu’il vienne d’un institut ou d’une revue, un communiqué est une interprétation, souvent simplifiée, parfois enjolivée. « Attention, vous ne pouvez pas citer ça. » Même les rubriques comme Opinion, Perspective ou News & Views dans les grandes revues ne sont pas des articles scientifiques. Elles peuvent éclairer, mais ne remplacent jamais l’étude elle-même. 5. Lire un article scientifique : par où commencer ? Une publication scientifique suit un format relativement standard. Voici les éléments à cibler : « L’abstract, c’est la partie de l’article qu’il faut vraiment que vous lisiez attentivement et que vous compreniez. » « Si vous ne comprenez pas l’abstract, il y a le risque que vous n’ayez pas compris l’étude. » « Le financement, c’est une partie à bien regarder à cause de la question des conflits d’intérêts. » 📝 Conseil : ne lisez pas un article scientifique comme un article de presse. L’information essentielle se trouve souvent au milieu ou à la fin. 6. Savoir évaluer la qualité d’une étude Plusieurs critères permettent d’évaluer la robustesse d’une publication : « Vous envoyez un email à un chercheur, vous dites : “Bonjour, j’aurais besoin de votre expertise pour savoir si cette publication est bonne » 7. Attention aux revues prédatrices Certaines fausses revues publient tout contre paiement, sans aucune relecture. Elles imitent les revues sérieuses, mais leur contenu est vide de valeur scientifique. « Il y a des revues bidon, on appelle ça des revues prédatrices. Vous payez, et vous publiez votre article sans le relire en fait. » Pour les repérer : vérifiez le nom du journal, l’existence d’un comité éditorial sérieux, et méfiez-vous des titres vagues ou flatteurs. 8. Faut-il se méfier des institutions peu connues ? En valorisant systématiquement les grandes institutions, ne participe-t-on pas à creuser les inégalités scientifiques mondiales. Yves Sciama invite à un journalisme plus audacieux, prêt à prendre des risques mesurés : « Parfois, notre devoir est aussi de faire entendre les voix minoritaires. » En résumé : les réflexes à adopter Pour aller plus loin Évaluer un article scientifique n’est pas un luxe, mais une nécessité pour produire une information rigoureuse. En tant que journalistes, notre rôle n’est pas d’avoir réponse à tout, mais de poser les bonnes questions, aux bonnes personnes, avec les bons outils.

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CMJSF25 : Les participants découvrent l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire

Dans le cadre de la 2e Conférence Mondiale des Journalistes Scientifiques Francophones (CMJSF), qui se tient du 9 au 14 juin 2025 à Abidjan, une délégation de journalistes a visité ce vendredi 13 juin l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire (IPCI), à Adiopodoumé. Pendant plus d’une heure, les journalistes ont sillonné les différentes installations de ce centre de référence, guidés par le Professeur Coulibaly David Ngolo, chef adjoint de la Plateforme de Biologie Moléculaire. L’Institut, qui abrite 35 laboratoires, des plateformes technologiques et unités spécialisées, ainsi que plusieurs sociétés savantes, leur a ouvert ses portes. « Notre institut dispose de plusieurs plateformes technologiques. Celles-ci sont mises à la disposition non seulement de la population ivoirienne, mais également de la sous-région et de l’international. En effet, nous avons accueilli des stagiaires venus du Togo, du Bénin, ou encore dans le cadre de collaborations avec l’Institut Pasteur de Paris, pour des travaux spécifiques, souvent valorisés dans leurs pays d’origine », a expliqué le Professeur Ngolo. Plusieurs laboratoires visités Les participants ont notamment visité les départements de Virus Épidémiques (DVE), la Plateforme de Biologie Moléculaire (PFBM), la Plateforme de Génétique Moléculaire (PFGM), la Biobanque et le serpentarium. Les échanges ont permis de mettre en lumière le rôle de l’Institut dans la dynamique « One Health », intégrant les dimensions humaines, animales, végétales et environnementales. « Nous ne conservons ici pas seulement que les échantillons de la Côte d’Ivoire mais aussi ceux de la sous-région. Nous avons plus d’un million d’échantillons, et comme nous sommes dans le concept One Health, ce sont des échantillons d’origine animale, végétale », a précisé Dr Kintossou. Le Professeur Meité Syndou, Directeur de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire, a insisté sur la stratégie de préparation de l’Institut face aux menaces biologiques. « On se prépare à travers l’acquisition d’équipements, la construction de laboratoires, tout ça. Ce sont des investissements qui répondent aux besoins d’une meilleure préparation. ». Et d’ajouter : « On constate aujourd’hui que la gestion des menaces biologiques devient plus complexe. Donc, ces infrastructures nous permettent d’être plus réactifs. Il est souvent plus facile de faire venir un expert ici pour travailler dans nos laboratoires que d’envoyer des échantillons ailleurs. Et ça, c’est important. Parce que non seulement on règle le problème rapidement, mais en plus, ces experts forment nos équipes locales. Ça, c’est un vrai bénéfice. » Les visiteurs ont salué l’ouverture des chercheurs rencontrés. « Je suis heureuse de voir ce qui est investi dans cet institut et de constater la disponibilité des chercheurs à échanger ouvertement avec nous, on comprend même si on n’est pas du domaine. Nous espérons trouver ici souvent des informations sûres et crédibles et que quand on cherche un chercheur de l’IPCI, ce sera une opportunité qui nous sera donnée », a déclaré Henriette Sifa, journaliste scientifique basée en RDC. Le Professeur Meité Syndou a souligné l’importance du rôle des journalistes scientifiques dans la vulgarisation des travaux de recherche. « « L’Institut est ouvert, et nous serons heureux de continuer à collaborer à l’avenir. »

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